Partir à Bali, découvrir Bali est un voyage sans fin où tout est sujet à de grandes questions, avec l’envie de revenir sur l’origine de la culture balinaise. C’est d’autant plus vrai pour la religion balinaise, qui mériterait des livres entiers. Nous allons pourtant essayer d’en résumer l’origine et de vous donner envie de la découvrir à votre tour.
La religion balinaise est en soi une exception culturelle, difficile à appréhender, parfois même pour les pratiquants eux-mêmes, qui, encore de nos jours, peuvent en avoir une interprétation différente selon les villages. Les fondamentaux sont là, mais les nuances et influences peuvent varier. Ainsi, certaines cérémonies ou pratiques peuvent être spécifiques à une région ou à un village. Cela ne dérange en rien les Balinais, qui s’accommodent de ces différences en laissant à chacun la liberté de pratiquer la religion selon ses propres codes.
Du temps des Indes orientales néerlandaises, fondées en 1800, les Hollandais eux-mêmes, souhaitant nommer la religion balinaise, prirent le temps d’étudier de nombreux manuscrits mais en restèrent aux fondamentaux : les Balinais sont organisés selon un système de quatre castes, ils vénèrent les mêmes dieux que les Indiens, ils sont donc hindous. Ce qui était sans doute vrai pour la royauté et les brahmanes, mais bien moins évident pour le peuple. À cette époque, si un Balinais n’était pas capable d’expliquer le sens de sa croyance, il était considéré comme païen… et converti au catholicisme.
Les anthropologues, en cherchant des traces de l’hindouisme tel qu’il est pratiqué à Bali, ont souvent, à tort, traduit des mots sanskrits balinais pour conclure que le peuple de l’île des dieux était hindou. Et les Balinais, peu contrariants sur ce point, ne dirent pas le contraire. Pourtant, si l’on voulait être plus précis, l’« hindouisme balinais », si l’on peut l’appeler ainsi, est en réalité un ensemble de croyances basées sur la secte shivaïte de l’hindouisme, le bouddhisme mahāyāna et l’animisme.
L’origine de la religion balinaise
Dang Hyang Nirartha, pèlerin hindouiste javanais, vint s’installer à Bali en 1537. Il débarqua près de Negara et prit un long repos sous un ficus, qui devint plus tard l’emplacement du temple Pura Gede Ancak. Poursuivant sa route vers un petit temple situé à l’ouest de Medewi, il offrit une mèche de ses cheveux afin de protéger les habitants du village. Placé au cœur du sanctuaire, ce site, connu sous le nom de Pura Rambut Siwi, ou « le temple des vénérables cheveux », est devenu un lieu sacré qui attire encore aujourd’hui de nombreux pèlerins.
Plus tard, après d’autres aventures, Nirartha devint le conseiller principal du roi Dalem Baturenggong de Gelgel (région de Klungkung), à qui il promit d’apporter spiritualité et enseignement. C’est à cette époque qu’il devint le fondateur des principaux rituels, qu’il réforma l’hindouisme et, en réponse au monothéisme de l’islam, créa le Padmasana, l’autel du dieu suprême.
Un seul dieu, mille visages
Si Bali est l’île aux mille dieux, c’est aussi celle où règne un seul dieu : Acintya, en sanskrit « l’inconcevable » ou « l’inimaginable », également connu sous le nom de Sang Hyang Widhi Wasa, qui signifie « l’ordre divin », ou encore Sang Hyang Tunggal, « l’unité divine ».
Tous les dieux et déesses sont des manifestations de ce dieu solaire. Acintya est le début et la fin, l’origine du monde ; toutes les autres divinités sont des représentations de sa grandeur et de ses pouvoirs. Les cérémonies, les prières, les sacrifices et les offrandes ne lui sont pas directement dédiés, mais à Shiva, Brahma, Vishnu — qui sont des parties de lui-même.
Acintya, le tout-puissant, est souvent absent des représentations. Lorsqu’il apparaît, il est figuré sous une forme humaine entourée de flammes, associée au dieu Soleil. À l’intérieur des temples balinais, sa présence est symbolisée par un trône vide posé sur un pilier : le Padmasana, le trône de lotus. Ce trône fut réellement intégré dans les lieux de culte au XVIᵉ siècle, dans le cadre d’un mouvement de réforme de l’hindouisme guidé par Nirartha.
Une religion vivante, une architecture signifiante qui font le cœur de Bali
Nirartha institua également un système à trois temples pour chaque village : au nord, un temple dédié à Brahma ; au centre, celui de Vishnu ; au sud, un temple dédié à Shiva. Les temples sont bâtis en pierre de lave volcanique, provenant du mont Agung — la demeure de Shiva. Cette roche, fragile, demande des rénovations fréquentes, rappelant ainsi l’impermanence et la nécessité de pratiquer régulièrement.
Cosmogonie balinaise : la naissance de Bali
Au commencement de toute chose, le dieu unique Sang Hyang Widhi Wasa entra dans une profonde méditation. Selon les textes anciens du Raja Yoga (XIᵉ-XIIᵉ siècles), il pratiqua l’Amanaska, méditation dans laquelle souffle et pensée cessent, et où l’âme fusionne avec le Tout.
De cette méditation naquit Bedawang Nala, la tortue sacrée chargée de stabiliser la terre. Enroulés autour de ses pattes, les serpents-dragons Naga Basuki et Naga Anantaboga rassurent la tortue. Lorsqu’elle s’agite, provoquant des séismes, les serpents resserrent leur étreinte pour l’apaiser. Ainsi, lors des tremblements de terre, les Balinais crient « hidup, hidup ! » pour réveiller les serpents.
La boue sèche donna naissance à la terre et aux montagnes. Le ciel, les nuages, la pluie, le soleil, la lune, puis les étoiles vinrent à leur tour. Au-delà, réside le Moksha — la libération finale —, royaume des ancêtres et des esprits. Plus on monte, plus on s’approche du divin. Inversement, les entrailles de la terre abritent démons et créatures avides de chair.
Le dieu suprême, réalisant qu’il n’avait plus de place pour l’homme et la femme qu’il venait de créer, choisit alors un grand poisson (un Mola Mola selon certains) qu’il figea et plaça sur la pierre de lave noire (le monde) posée sur le dos de la tortue. La forme de Bali viendrait de ce poisson : le mont Agung serait son œil, le lac Batur ses ouïes, et le reste de la géographie insulaire correspondrait à sa morphologie.
Ainsi Bali devint le centre du monde des humains, sous le regard bienveillant des dieux et la menace des démons tapis sous la terre.
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