Il existe de nombreuses légendes en Indonésie et l’on pourrait même dire que, pour chaque île, il en existe des centaines, transmises souvent oralement, tantôt pour expliquer la présence d’un volcan, tantôt pour donner des leçons de vie aux habitants.
Nous vous proposons de découvrir 6 légendes qui bercent encore les nuits de l’île de Sumatra de manière à vous immerger encore davantage dans les beautés que l’Indonésie à vous offrir lors de votre séjour.
1. La naissance du lac Toba

Dans le nord de Sumatra vivait un paysan nommé Toba. Entre deux journées aux champs, il aimait pêcher. Un soir, il captura un énorme poisson rouge et s’empressa de le rapporter chez lui. Mais au moment d’allumer le feu pour le cuire, le poisson avait disparu. À sa place scintillaient des pièces d’or.
Le poisson était en réalité une nymphe métamorphosée. Toba l’épousa, à la seule condition de ne jamais révéler son origine. De leur union naquit un fils, Samosir.
Un jour, l’enfant apporta le repas de son père mais, affamé, il en goûta la moitié. Furieux, Toba le gronda : « Espèce de petit poisson ! » – trahissant ainsi le secret. Blessée, la mère ordonna à Samosir de se réfugier sur la colline voisine ; puis elle reprit sa forme aquatique. Les eaux montèrent, engloutissant Toba et la vallée : ainsi se forma le lac Toba, tandis que la hauteur où Samosir trouva refuge devint l’île de Samosir.
2. Le lac Lau Kawar

Au pays karo se trouvait le village fertile de Lau Kawar. Un jour, les habitants célébrèrent une grande fête des récoltes ; tous participèrent, sauf une vieille femme trop faible pour se déplacer. Espérant qu’on viendrait la chercher, elle regarda passer ses enfants et petits-enfants… qui l’ignorèrent.
Après la cérémonie, on lui apporta seulement les restes du banquet. Humiliée, la grand-mère adressa à Dieu une prière vengeresse : que l’on retienne la leçon du respect dû aux aînés. Peu après, un tremblement de terre, la foudre et des pluies torrentielles engloutirent le village, ne laissant qu’un vaste cratère : le lac Lau Kawar.
3. Batu Gantung – « La pierre suspendue »
Sur les rives du lac Toba vivaient des parents et leur fille Seruni. Promise contre son gré à un cousin, la jeune femme aimait secrètement un autre garçon. Désespérée, elle décida de se jeter dans le lac avec son chien, Toki.
En chemin, elle glissa dans une crevasse rocheuse. Tandis que les parois se resserraient, elle cria : « Parapat, parapat batu ! » (Rapprochez-vous, roches !). Toki courut prévenir le village, mais quand les secours arrivèrent, la faille s’était déjà refermée. Un séisme fit apparaître un rocher dont la silhouette évoque une jeune fille accrochée à la falaise : Batu Gantung. Le lieu environnant prit le nom de Parapat, en mémoire des derniers mots de Seruni.
4. Simalungun, « la contrée isolée »
Autrefois, le petit royaume batak de Tanah Djawo (clan Sinaga) craignait une attaque du puissant royaume Majapahit de Java. Malgré l’alliance des royaumes voisins, Tanah Djawo fut vaincu ; habitants et nobles s’enfuirent par groupes.
L’un d’eux trouva refuge sur l’île aujourd’hui appelée Samosir, mais le désir de revenir au village natal demeurait.
Quand les exilés revinrent enfin à Nagur, ils découvrirent une région quasi déserte. En larmes, ils répétèrent : « Sima-sima na lungun… » – « Quel lieu solitaire ! » Le nom devint Simalungun, désignant désormais l’ensemble du territoire.
5. Sigale-gale, la marionnette qui danse

Un roi de Toba n’avait qu’un fils, Manggale. Envoyé à la guerre, le prince mourut. Accablé, le roi tomba gravement malade ; les guérisseurs diagnostiquèrent un chagrin incurable. L’un d’eux proposa de sculpter une statue à l’effigie de Manggale.
Une fois l’œuvre achevée, un rituel invoqua l’esprit du prince pour animer la figure de bois. Portée au palais au son du gondang sabangunan, la marionnette – baptisée Sigale-gale – se mit à danser comme le défunt. En la voyant, le roi recouvra la santé. Depuis, Sigale-gale apparaît dans les cérémonies funéraires, offrant un dernier ballet à ceux qui partent.
6. La tragique princesse Runduk

Au VIIᵉ siècle, le florissant port islamique de Barus Raya était gouverné par le roi Jayadana et son épouse d’une grande beauté, Puteri Runduk. Leur richesse attisa la convoitise : le roi Sanjaya de Mataram (Java) et le roi Janggi du Soudan levèrent chacun une armée pour s’emparer de Barus et de la princesse.
Sanjaya l’emporta, tua Jayadana et retint Runduk captive. Mais Janggi lança une contre-attaque ; dans le chaos, des serviteurs fidèles aidèrent Runduk à fuir vers l’île Morsala. Pourchassée sans répit, la princesse désespéra : plutôt que d’être prise, elle se jeta à la mer.
Son intendant, Sikambang Bandahari, pleura sa disparition et composa une longue complainte. On raconte que, durant la fuite, les effets de Runduk se dispersèrent d’île en île ; chacune porte encore le nom de l’objet abandonné – Pulau Lapik Kain, Pulau Terika, Pulau Puteri, etc. Aujourd’hui, l’histoire de la princesse Runduk demeure un chant de deuil pour la gloire perdue de Barus Raya.
Nous vous partageons ces légendes car nous pensons qu’ils vous aideront à ressentir l’âme de Sumatra. Nous espérons ainsi que ces récits enrichiront votre regard et rendront votre séjour à Sumatra ou en Indonésie encore plus vibrant et mémorable.


