LE RĀMĀYANA – une épopée sacrée pour mieux séjourner à Bali

Dans notre culture occidentale, nous faisons références à des auteurs et des philosophes qui nous sont familiers. Nous reprenons des contes et des légendes pour passer des messages, mieux nous faire comprendre. Il en est même avec la culture balinaise, qui reprend la magnifique épopée du Ramayana pour enseigner aux plus jeunes, comme au village, l’importance de bien se conduire, adopter de bonnes manières et respecter le sacré.

Séjourner à Bali n’est pas seulement une découverte de nouveaux paysages mais aussi la sensibilisation à une culture différente qui prend ses origines dans des légendes millénaires.

Découvrons ensemble cette légende populaire née en Inde et importée en Indonésie.

Séjour à Bali - Scène-de-Guerre-Râmâyana - Amanaska

le Ramayana ou la marche de Rama

L’histoire nous raconte d’abord celle du roi Daśaratha, qui régnait sur le royaume d’Ayodhyā, une terre bénie par les dieux, où les habitants vivaient heureux, en harmonie. Un roi aimé de tous et respecté pour sa justice et sa bienveillance. Cependant, Daśaratha faisait face à un problème : il avait du mal à avoir des enfants et, plus précisément, un fils qui, par la suite, pourrait lui succéder.

À la suite de pratiques ancestrales et de rituels secrets, les épouses du roi donnèrent finalement quatre fils au souverain : Rāma, Lakṣmaṇa, Bharata et Śatrughna. Les quatre frères étaient très proches et devinrent, par la suite, des hommes forts et justes, à l’image de leur père. Rāma, l’aîné, développa, au fil des années, mille et une vertus.

L’appel du sage Viśvāmitra

Vint le jour où le sage Viśvāmitra demanda de l’aide au roi, car il était confronté à une démone qui l’empêchait de pratiquer les rites anciens en s’interposant entre lui et les autres sages. Le sage, sachant que Rāma était la réincarnation du dieu Viṣṇu, demanda à ce dernier de l’accompagner pour résoudre le problème. Rāma accepta et, avec l’aide de son frère inséparable, Lakṣmaṇa, tua la démone.

Le sage les accompagna ensuite au royaume de Mithilā, dont le roi avait juré d’offrir sa plus belle fille, Sītā, en mariage à quiconque serait capable de soulever et de bander l’arc de Śiva. Rāma réalisa ces deux exploits devant une cour et un roi ébahi. En retour, le roi lui donna sa fille, la princesse Sītā. D’un seul regard, ils s’aimèrent et devinrent des âmes sœurs. Voici réuni le trio qui va donner toute sa dimension à la suite de l’histoire : Rāma, son frère Lakṣmaṇa et l’épouse de Rāma, Sītā.

La promesse faite à Kaikeyī

Nous l’avons évoqué au début de cette histoire : le roi Daśaratha rencontrait des difficultés à concevoir un héritier.

Il fit alors une promesse à l’une de ses épouses, Kaikeyī, qui souhaitait asseoir sa propre position dans la cour du royaume. Si elle concevait un fils, il serait couronné roi en le nommant prince-régent à la place de Rāma, et le roi s’engageait à exiler son propre fils, pourtant légitime, dans la forêt de Daṇḍaka pour quatorze années. Kaikeyī donna naissance à Bharata et, le moment venu, rappela son engagement au roi.

C’est ainsi que le roi d’Ayodhyā fut contraint de tenir sa promesse, après un long questionnement et sur les conseils de son fils Rāma lui-même. En ce temps-là, la parole donnée avait une importance primordiale, les mots échangés un sens sacré, les malédictions étant irrévocables. Malgré la profonde tristesse de son père, les supplications du peuple, et même son propre frère Bharata qui ne voulait pas du trône car il aimait trop Rāma – qu’il considérait comme le véritable héritier – Rāma s’exila pour faire respecter la parole de son père.

Sur le chemin de l’immense forêt, territoire de Daṇḍaka, peuplée de démons Rākṣasa et dirigée par leur chef Rāvaṇa, Sītā, sa fidèle épouse, le rejoignit pour partager son exil. Son frère Lakṣmaṇa, ne pouvant se résoudre à être séparé de lui, se joignit au couple pour vivre cette période de quatorze années au cœur de cette forêt magique. C’est ainsi qu’accompagné de milliers d’habitants d’Ayodhyā, jusqu’à la lisière du bois, en pleurs et priant Rāma de changer d’avis, le trio fit ses premiers pas vers ce qui allait devenir l’une des plus grandes histoires jamais écrites, faisant de Rāma, Sītā et Lakṣmaṇa des héros pour l’éternité.

Rama-et-Frère-en-Char - Art de Bali - Amanaska

L’exil dans la forêt de Daṇḍaka

Pendant des jours, ils marchèrent vers le sud, à travers un paysage désolé, sur une terre stérile autrefois magnifique. La forêt de Daṇḍaka était devenue un territoire hostile, gouverné par Rāvaṇa et ses démons sanguinaires. Parfois nommé Daśānana, le roi Rāvaṇa possédait dix têtes et vingt bras, dons qu’il avait obtenus de Śiva. À force de prières, de sacrifices et d’offrandes, Rāvaṇa avait reçu un atout précieux : il était invincible face à toutes les créatures célestes. Mais dans sa grande arrogance, il avait oublié de se protéger contre les humains.

La vie à Pañcavaṭī

Après dix années, Rāma, Lakṣmaṇa et Sītā arrivèrent aux rives de la rivière Godāvarī, la traversèrent et atteignirent Pañcavaṭī. Au-delà s’étendait la forêt fertile de Citrakūṭa, encore non conquise par les démons, où poussaient des arbres fruitiers, des grands arbres millénaires et des plantes médicinales. C’est là que Rāma décida d’installer son campement. Avec l’aide de son frère et de son épouse, il construisit une hutte pour y attendre la fin de son bannissement.

Non loin de là vivait Jatāyū, un oiseau fabuleux, fils d’Aruṇa, lui-même frère de Garuḍa. Appréciant les nouveaux arrivants, il veillait sur Sītā pendant que les deux frères allaient chasser. Mais c’était sans compter sur Śūrpaṇakhā, la propre sœur de Rāvaṇa, qui, après s’être transformée en belle servante, tenta de séduire Rāma. Celui-ci l’éconduit en se moquant d’elle et, après avoir vu son vrai visage, lui coupa le nez et les oreilles.

L’enlèvement de Sītā

Śūrpaṇakhā alla se plaindre à son frère Khara, ce qui provoqua une première échauffourée entre Khara, ses 14 000 guerriers et les deux frères. Mais l’armée des démons fut vaincue : Rāma et Lakṣmaṇa étaient protégés par des armes divines. Śūrpaṇakhā s’adressa alors directement au roi des démons, Rāvaṇa, afin d’obtenir justice. Celui-ci fut très surpris de la défaite de son frère, mais plus encore d’apprendre qu’une femme d’une beauté saisissante, Sītā, vivait dans la forêt de Citrakūṭa. Il décida aussitôt d’en faire sa reine et en parla avec Mārīca, un grand magicien.

Le lendemain, Mārīca, transformé en cerf à la toison d’or et aux yeux de rubis, s’approcha du campement. Après avoir été aperçu, il s’enfuit dans les bois. Une longue chasse sépara Rāma de son frère et de Sītā. En assistant à la transformation du cerf en Mārīca, Rāma comprit qu’il avait été trompé. Lakṣmaṇa, resté au camp, entendit la voix de Rāma appelant à l’aide. Sous les supplications de Sītā, il quitta la hutte à son tour, pour découvrir qu’il s’agissait là aussi d’un piège. Mais il était déjà trop tard : les deux frères étant absents, Rāvaṇa profita de leur absence pour enlever Sītā.

Grâce à un nouveau subterfuge, il s’envola avec elle sur son char volant. Après avoir combattu Jatāyū, qu’il terrassa, il reprit la route vers son royaume, emportant avec lui la princesse désormais prisonnière.

Râmayâna-à-Ayodia - séjour à Bali - Amanaska

La rencontre avec Hanumān

Les deux frères se mirent en quête de Sītā, parcourant villages et forêts à la recherche d’indices. En traversant Kiṣkindhā, le royaume des singes, Rāma rencontra Sugrīva, son roi, qui lui promit son aide s’il l’aidait à récupérer son trône et son épouse, volés par son frère, Vāli. Aidé de Lakṣmaṇa, Rāma vainquit Vāli, redonna le trône à Sugrīva, et ce dernier, en signe de reconnaissance, demanda au plus grand de ses guerriers de se joindre à Rāma : le général Hanumān.

Hanumān était le fils du dieu des vents, Vāyu (ou Pavana). Il avait la force de soulever des montagnes, de tuer des démons, et de se déplacer plus rapidement que Garuḍa lui-même, la monture de Viṣṇu. Doté d’un esprit noble, Hanumān refusa toute récompense. Il voulait seulement aider à retrouver Sītā. Un proverbe indien dit ainsi : « Les singes pleurent sur les autres, jamais sur eux-mêmes. » Capable des plus grands exploits, Hanumān est décrit par l’indianiste John Dowson comme ayant traversé d’un bond l’océan jusqu’à Lanka, déracinant des arbres, rebondissant sur les nuages, prêt à toutes les prouesses.

Hanumān à Lanka

Grâce aux indications du frère de Jatāyū, Hanumān réussit à localiser Sītā, emprisonnée dans le jardin d’Aśoka, à proximité du palais royal de Lanka. Une traversée avec toute l’armée était impossible. Mais Hanumān, capable d’agrandir son corps, fit un saut prodigieux jusqu’à l’île. Reprenant une taille humaine, il parvint à remettre à Sītā un message de Rāma. Capturé ensuite par les gardes du palais, il fut condamné par Rāvaṇa à être humilié. Comme il ne pouvait tuer un émissaire, le roi des démons ordonna qu’on mette le feu à la queue du singe. Hanumān, devenu immense, profita de la confusion pour incendier la ville entière avant de s’échapper et de rejoindre Rāma.

La grande guerre

Peu après, Vibhīṣaṇa, le frère rebelle de Rāvaṇa, rejoignit Rāma. Ensemble, et avec une armée de singes et d’ours, ils construisirent un pont en cinq jours pour traverser la mer. Une fois à Lanka, la guerre fut déclarée. Elle opposa l’armée de Rāma aux généraux de Rāvaṇa et à ses millions de démons. Pour chaque chef tué, un autre le remplaçait. Finalement, Rāvaṇa, monté sur son char, affronta lui-même Rāma, armé de l’arc de Viṣṇu. Dans un ultime combat sanglant, Rāma transperça Rāvaṇa de flèches infaillibles. Le roi des démons fut vaincu. Sītā, après des années de captivité, fut enfin libérée.

La Bataille du Râmâyana - peinture séjour à Bali

Le doute et l’exil de Sītā

Mais le doute allait entacher ce moment de victoire. Sur le chemin du retour, dans la forêt, Rāma mit Sītā à l’épreuve : il lui demanda de traverser un bûcher pour prouver sa pureté. Sītā s’y plia. De retour à Ayodhyā, Rāma devint roi, Sītā reine. Mais les rumeurs persistèrent. Craignant pour sa réputation, Rāma choisit d’exiler à nouveau son épouse, alors enceinte. Sītā fut envoyée dans la forêt, où elle donna naissance à deux jumeaux.

Des années plus tard, Sītā revint au palais avec ses enfants, restée anonyme. Les enfants chantèrent un poème appris par cœur : le Rāmāyana, la marche de Rāma. En entendant sa propre histoire, Rāma reconnut Sītā et ses enfants, et réalisa son erreur. Il s’agenouilla, en pleurs, pour lui demander pardon. Mais Śiva intervint. Si Rāma n’avait pas su croire en l’amour de Sītā, il était temps qu’elle trouve la paix ailleurs. Elle ouvrit la terre sous ses pieds, qui l’engloutit, la ramenant à un monde meilleur.

L’histoire ne s’arrête pas là : après dix mille ans de règne à Ayodhyā, Rāma entra dans la rivière Sarayū pour reprendre sa forme véritable et éternelle de Mahāviṣṇu.

En Indonésie et en particulier à Bali, le Rāmāyana est bien plus qu’un mythe : il imprègne l’art, la foi et l’éducation. On le retrouve dans les danses traditionnelles comme le Kecak, dans les fresques des temples, et dans les spectacles de théâtre sacré. Il enseigne des valeurs morales essentielles et rythme les cérémonies religieuses. Vivant et réinterprété, ce récit guide les Balinais au quotidien, incarnant une sagesse ancestrale toujours actuelle au cœur de leur culture spirituelle et artistique. Nous espérons que cette découverte du mythe vous aider à apprécier d’autant votre séjour aux cœurs des îles balinaises.

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